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Réconcilier technologies numériques et racines autochtones : le parcours engagé de Stéphane Nepton

Publié le 6 août 2025
À la croisée des savoirs ancestraux et des innovations technologiques, Stéphane Nepton tisse un pont entre mémoire collective et futur numérique. Étudiant à la maîtrise en design numérique à l’École NAD-UQAC, il porte un projet de recherche-création profondément enraciné dans sa culture innue et axé sur la souveraineté narrative des Premiers Peuples.

Originaire de Sept-Îles, au Canada, Stéphane Nepton inscrit sa démarche académique dans un parcours de réappropriation culturelle, nourri par des années d’expérience dans les domaines des effets spéciaux, du design interactif et de la médiation numérique. 

Après un riche cheminement professionnel en création technologique et communautaire, Stéphane fait le choix d’une maîtrise en recherche-création à l’École NAD-UQAC pour structurer et approfondir ses projets culturels. Encadré par le professeur Yan Breuleux, il développe une recherche novatrice qui conjugue savoirs traditionnels autochtones et technologies numériques libres. 

Son projet porte sur la création d’archives vivantes autochtones, par le biais d’ateliers de médiation culturelle en territoire. L’objectif : renforcer la souveraineté narrative, culturelle et numérique des Premiers Peuples, tout en favorisant la transmission intergénérationnelle des savoirs. Mettant de l’avant la cartographie biographique et la capture volumétrique (4DGS), son approche permet à des jeunes et des aînés de co-créer des archives numériques à l’aide d’outils accessibles comme les drones ou les téléphones intelligents. 

Face à l’absence de reconnaissance formelle du patrimoine culturel immatériel autochtone par le Canada, Stéphane conçoit sa démarche comme un geste de résilience et d’autodétermination. Il souhaite proposer un modèle ancré, réplicable, fondé sur la co-création communautaire et la solidarité intergénérationnelle. Son projet répond à un besoin pressant : faire exister les cultures autochtones dans les espaces numériques de manière créative, respectueuse et autonome. 

Ce qui le stimule avant tout, c’est la possibilité de relier les pratiques de transmission millénaires aux nouvelles technologies de façon incarnée et artisanale. « Ce projet, je le porte avec le cœur », dit-il, rappelant qu’il touche autant à sa vie personnelle qu’à ses aspirations culturelles et professionnelles. « Il me permet de rejoindre les jeunes, les aînés, et tous ceux qui cherchent du sens, des repères, des racines. » 

Son intérêt pour la recherche scientifique a émergé au contact de son directeur, mais aussi à travers l’expérience de terrain avec Uhu Labo Nomade, un laboratoire de création cofondé avec Andrea Gonzalez. Cette pratique intuitive, axée sur le partage, la présence territoriale et l’ancrage culturel, était déjà porteuse de méthodes de recherche autochtones avant même qu’il n’en prenne pleinement conscience. Aujourd’hui, il assume pleinement sa place de chercheur-créateur. 

Et après la maîtrise ? Stéphane souhaite poursuivre au doctorat pour explorer les liens entre andragogie autochtone et technologies émergentes. Il imagine notamment une application mobile open source, capable de fonctionner hors ligne, qui permettrait aux membres des communautés de créer leurs propres archives vivantes dans leur langue. Il souhaite aussi expérimenter des hologrammes de récits aînés, réalisés en nuages de points animés (4DGS). 

Son parcours à l’UQAC est marqué par l’ouverture d’esprit et l’accueil positif envers les projets issus des visions autochtones. « C’est plus qu’un lieu d’études : c’est un espace de résonance. » Il y trouve une véritable reconnaissance, autant à l’École NAD qu’au Centre Nikanite. C’est dans cette dynamique de dialogue et de respect mutuel qu’il inscrit sa contribution, au service des siens et des générations à venir.